Le crave à bec rouge (Pyrrhocorax pyrrhocorax) est un oiseau de la famille des corvidés. Il est reconnaissable à son plumage bleu-noir, son long bec rouge recourbé et ses pattes rouges. C'est une espèce considérée en Europe comme rare et menacée avec une distribution très fragmentée.
En France, les principaux bastions de l’espèce se situent dans les massifs pyrénéens, alpins et dans le Sud du Massif central, notamment dans la région des Grands Causses. Dans le Parc national des Cévennes, il niche dans les falaises des gorges de la Jonte et du Tarn ainsi que dans les avens des Causses et se nourrit dans les zones de végétations rases en milieux ouverts de ces plateaux calcaires, étroitement dépendant des activités agro-pastorales.
Malgré un statut d'espèce à enjeux de conservation, la communauté ornithologique française s'est relativement peu intéressée à cette espèce dont les effectifs sont particulièrement mal connus. Un premier comptage réalisé en 2019 a mise en évidence que le Sud du Massif central héberge une part importante de la population française.
Un second a donc été effectué cette année afin de suivre l’évolution de la dynamique de cette population. Il s’agissait de localiser les dortoirs hivernaux du Crave et de dénombrer les individus présents dans ces dortoirs à la même date dans l'ensemble des sites connus du Sud du Massif central.
Compte-tenu du nombre de sites potentiellement favorables en Lozère, ce nouveau comptage était réalisé en partenariat avec l’Association Lozérienne pour l’Étude et la Protection de l’Environnement (ALEPE), la Fédération Départementale des Chasseurs de Lozère et l’Office Français de la Biodiversité. D’autres comptages étaient réalisés le même jour dans l’Aveyron, le Gard et l’Hérault.
En 2019, sur 20 sites prospectés entre la vallée du Lot et les Gorges de la Jonte, en incluant les causses de Sauveterre et du Méjean, ainsi que les Gorges du Tarn et la vallée du Tarnon, plus de 570 individus avaient été recensés.
Le comptage qui s'est déroulé le mercredi 20 janvier 2021 a permis d'en dénombrer entre 389 et 395 uniquement sur la partie lozérienne, avec 86 oiseaux dans les Gorges du Tarn, 259-265 dans les Gorges de la Jonte, deux sur le Causse de Sauveterre et 42 dans la vallée du Lot et ses affluents.
Ce dénombrement est très inférieur aux 574 Craves dénombrés en 2019, avec cette année plus de sites suivis qu’en 2019. Cette différence provient en partie des mauvaises conditions météorologiques du 20 janvier avec pour plusieurs sites, aucune observation de Crave alors que des individus étaient bien présents les jours précédents.
Plusieurs enseignements peuvent être tirés des dénombrements réalisés cet hiver :
- Nous avons collectivement amélioré notre connaissance de la localisation précise des dortoirs de Crave en Lozère.
- Les Craves utilisent les avens des Causses comme dortoirs durant l’hiver.
- Certains sites montrent globalement une certaine stabilité dans les effectifs au cours de l’hiver, alors que d’autres connaissent des fluctuations. Il est probable que certains individus se joignent à d’autres groupes formés et changent de dortoir au cours de l’hiver.
- Il existe toutefois une ambiguïté dans le dénombrement entre les oiseaux comptés sur un site et les oiseaux comptés aux dortoirs, ambiguïté qui pourrait en partie expliquer les fluctuations d’effectifs observés pour un même site à quelques jours d’intervalles.
- Même dans les groupes formés de plusieurs individus, il est très fréquent d’observer des duos d’oiseaux rentrant ensemble dans des cavités distinctes. On peut supposer que ces duos concernent des oiseaux appariés.
- Il est probable que cette distribution des dortoirs en période hivernale soit relativement similaire en période de reproduction.
Pour aller plus loin :
- Notre enquête: "Quelles menaces pèsent sur le crave à bec rouge dans le Parc national des Cévennes ?
- La fiche du crave à bec rouge sur le site Biodiv' Cévennes