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Les effectifs d'écrevisses à pattes blanches en nette baisse

Dans le Parc national des Cévennes, l’écrevisse à pattes blanches (Austropotamobius pallipes) fait l'objet d'un suivi régulier afin d'évaluer l'évolution de ses populations.

Ce crustacé, emblématique des cours d'eau purs et bien oxygénés, subit actuellement une forte diminution de ses effectifs, un signal préoccupant pour la biodiversité aquatique du Parc.

 

Ecrevisse à pied blanc
L’Écrevisse à pattes blanches vit dans les remous des ruisseaux bien oxygénés et se nourrit de débris végétaux mais est globalement omnivore et peut ainsi dévorer des poissons ou des larves d’insectes. © Yann Dissac - Parc national des Cévennes

 

Un suivi minutieux des populations

 

garde monitrice cevennes
Garde-monitrice lors du dernier relevé
© Yann Dissac - Parc national des Cévennes

Depuis 2008, les agents du Parc suivent plusieurs noyaux de populations d’écrevisses à pattes blanches sur quatre sites situés en cœur de Parc. L’un des principaux sites d’étude, la Combe des Cades, fait l’objet de prospections régulières tous les 3 à 4 ans.

Ces prospections, menées de nuit, consistent à parcourir un linéaire d’environ 1000 mètres le long du cours d'eau pour recenser les écrevisses. Les individus sont classés en fonction de leur taille, permettant ainsi de distinguer les jeunes (<30 mm) des adultes (>30 mm).

L’année 2024 marque un tournant préoccupant, avec des résultats qui montrent une chute importante des effectifs. En effet, au cours des trois passages réalisés cet été, seulement 290 écrevisses ont été dénombrées en moyenne, contre plus de 1000 individus lors de la première session en 2008. Cette baisse est d'autant plus alarmante qu’elle touche à la fois les jeunes et les adultes.

 

 

Le tableau ci-dessous illustre l’évolution des populations d’écrevisses à pattes blanches depuis 2008 :

chiffres écrevisses

 

Le changement climatique en cause ?

Si les raisons de cette baisse restent incertaines, plusieurs hypothèses sont émises. Parmi les pistes envisagées, la qualité de l’eau et la diminution du débit des cours d’eau en période estivale semblent jouer un rôle.

En 2024, un linéaire d’environ 100 mètres était par exemple à sec sur le site de la Combe des Cades, fragmentant la population et limitant son habitat. Les étés de plus en plus chauds et secs pourraient accentuer ce phénomène de mise à sec des cours d’eau, réduisant ainsi l’habitat de l’Ecrevisse à pattes blanches. Une diminution du débit pourrait également avoir un impact direct sur la qualité physico-chimique de l’eau, essentielle à la survie de cette espèce.

 

Combe des cades
Le site de la combe des Cades s’étend sur 300 ha, dans des paysages grandioses et diversifiés avec des prairies et landes traversées par des ruisseaux, chaos de rochers granitiques et forêts de pins © Guy Grégoire - Parc national des Cévennes

 

Par ailleurs, l'écrevisse à pattes blanches est une espèce fragile qui supporte mal les modifications de son habitat et la concurrence avec ses cousines américaines invasives (notamment Pacifastacus lenusculus ou Orconectes sp.) qui sont également porteuses saines de maladies qui déciment les écrevisses autochtones.

 

pacifastacus
Observée pour la première fois dans le Parc à la fin des années 90, l'écrevisse de californie (pacifastacus leniusculus), est inscrite depuis 2016 dans la liste des espèces exotiques envahissantes préoccupantes pour l’Union européenne © David Perez - Wikimedia Commons

 

Face à ce déclin rapide, le Parc national des Cévennes va continuer de surveiller de près ces populations qui sont de véritables  indicateurs de la qualité de nos écosystèmes aquatiques.

 

Pour aller plus loin :