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Inventorier les coléoptères saproxyliques pour mieux comprendre l'évolution de notre biodiversité

Le Parc national des Cévennes comprend de nombreux groupes thématiques : mammifères, chiroptères, orthoptères... ils sont chargés d'étudier ces espèces afin d'accroître les connaissances sur le patrimoine naturel du territoire.

Parmi eux, le groupe « coléoptères* saproxyliques**» réalise, en plus de la détermination, un travail minutieux et crucial : la mise en boite de ces petites bêtes.

 

* coléoptère (du grec coléo : fourreau et ptère : aile) : ils se distinguent des autres insectes notamment par leur paire d'ailes qui a durci au gré de l'évolution pour les protéger. Parmi les plus connus : scarabées, coccinelles, hannetons ou encore charançons.

** saproxylique (du grec sapros : pourri et xulon: le bois) : espèce dont la vie est liée au vieux bois : champignons, vers, pics, chouettes, araignées, escargots...

 

Des insectes indicateurs des vieilles forêts

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Rosalie des alpes   © Gaël Karczewski Parc national des Cévennes

Les coléoptères sont le groupe d'insectes qui compte le plus d'espèces. On en dénombre plus de 11 000 en France. Parmi eux, plus de 2500 sont saproxyliques.

La capture et l’étude de ces coléoptères saproxyliques est fascinante car ils permettent de connaître la diversité biologique d'une forêt.  En effet, chacun de ces insectes est lié à un arbre et à son état de décomposition. Dans les forêts anciennes et diversifiées, on trouve donc une grande variété de coléoptères saproxyliques qui jouent un rôle crucial notamment en transformant la lignine (un des principaux composants du bois) en terreau.

Dans les forêts, on estime qu'un quart des espèces présentes dépendent du vieux bois, bois mort ou dépérissant.

On comprend alors tout l'intérêt de laisser vieillir une forêt pour conserver une biodiversité riche et interdépendante !

 

 

Un protocole de capture méticuleux et précis

 

Plusieurs méthodes existent pour capturer ces coléoptères.

La plus commune consiste à poser des "pièges à interception" qui permettent de les faire tomber dans un liquide conçu pour les conserver. Dans le Parc national des Cévennes, les agents relèvent ces pièges tous les 20 jours de mi-avril à fin octobre.

 

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Exemple de piège à interception © Emilien Herault - Parc national des Cévennes

 

Une autre méthode consiste à les surprendre de nuit avec une lampe et à les capturer manuellement. Les méthodes qui dégradent les habitats ou qui sont trop impactantes pour les milieux sont bien évidemment écartées. La diversification des méthodes permet de disposer d'un éventail le plus large possible (certaines espèces échappent par exemple aux pièges à interception).

Ensuite des tris par familles puis par espèces sont réalisés. Les pièges ne capturent pas seulement des coléoptères saproxyliques. Afin de maximiser les captures, la plupart des autres espèces piégées sont étudiées. Les punaises (hétéroptères) sont par exemple envoyées à un spécialiste du Muséum qui les identifient. Les araignées, opilions, chrysopes, fourmis ou encore les abeilles-bourdons sont quant à eux envoyés à des naturalistes particuliers ou à des structures comme le CEN Occitanie.

L'impact de ces prélèvements sur les populations d'insectes a été étudié par les scientifiques et il est considéré comme négligeable.

 

 

 

Conserver pour pouvoir suivre l'évolution de la biodiversité

Après identification, les coléoptères saproxyliques sont nettoyés, assouplis, mis en forme, étiquetés avec leur nom scientifique ainsi que le lieu et la date de la capture.

Vient ensuite le collage sur une paillette de présentation à l’aide d’une micro goutte de colle à base de poissons. La plupart de ces coléoptères, ne mesurent souvent que quelques millimètres.

 

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 ©  Béatrice Lamarche - Parc national des Cévennes

 

Mettre en évidence les critères de détermination comme les antennes, ou les tarses, ainsi que présenter, de façon « esthétique » ces petites bêtes, nécessite beaucoup de minutie et de patience.
Binoculaire, pinces dures et souples, épingles, pinceau parfois enduit d’un peu de salive pour lisser leurs antennes ou recoller leurs ailes membraneuses, sont les outils du « monteur » d’insectes.

Enfin, et pour terminer leur mise en valeur, les coléoptères seront intégrés dans des boites de collection par sous-ordre, super-famille et famille afin de constituer un inventaire visible.

 

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Peltis grossa (Linnaeus,1758), récolté en 2015, dans une forêt ancienne au nord du Mont Mozère. Espèce rare et sporadique, localisée et jamais abondante. ©  Béatrice Lamarche - Parc national des Cévennes

 

En fonction des conditions de conservation ces espèces peuvent ensuite être conservées plus de 100 ans !

 

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Akimerus schaefferi (Laicharting, 1784), récolté en 2017, dans une forêt ancienne du massif del’Aigoual. Indice de patrimonialité équivalent à Peltis Grossa ©  Béatrice Lamarche - Parc national des Cévennes

 


Cette collection, qui sera une référence pour le territoire et pour le siècle à venir, est également un formidable outil de travail pour la comparaison et la détermination des coléoptères.

Elle s'inscrit dans l'action du Parc pour faire avancer nos connaissances sur la richesse des espèces présentes sur le territoire et permettra aux scientifiques de suivre son évolution.

Un enjeu majeur au vu de l'effondrement de la biodiversité en cours.

 

Béatrice Lamarche,

Garde-monitrice - Massif Vallées cévenoles

Pour aller plus loin :

Une vidéo réalisée en 2015 : "A la découverte des coléoptères" :