En mars dernier, l’ouvrage « Gardien de la nature », est paru aux éditions du Grand petit monde, dans la collection « Les petits romans naturalistes ». Ce livre jeunesse présente le métier de garde-moniteur en dressant le portrait de Jean-Pierre Malafosse qui l’aura effectué pendant près d’une trentaine d’années au Parc national des Cévennes, avant de prendre sa retraite. Jean-Pierre est notamment reconnu, au niveau national, en tant que spécialiste du Circaète Jean-le-Blanc.
«Garde-moniteur, c’est un métier passion, c’est l’expérience d’une vie », résume Jean-Pierre. Au Parc national des Cévennes, ce métier revêt des compétences multiples. S’il a arpenté le territoire avec ses jumelles dans le cadre de ses suivis naturalistes qui lui ont apporté « une grande connaissance et une grande sensibilité jusqu’à l’empathie », le garde-moniteur a également passé un temps conséquent à effectuer de la veille et de la pédagogie. « Au départ, notre mission de préservation de la nature avait le vent en poupe, aujourd’hui avec le développement des activités humaines, il faut concilier les deux ».
Une fascination pour le chasseur de serpents
Animé depuis son plus jeune âge par une passion pour le vivant et plus particulièrement pour les rapaces, Jean-Pierre aura eu la chance de les côtoyer et de faire ses premières armes aux côtés de naturalistes chevronnés. A 12 ans, près de Quézac, il observe, « un oiseau blanc se laisser tomber du ciel pour chasser un serpent ». Il apprend que c’est un Circaète Jean-le-Blanc ; rapace migrateur, qui après avoir passé l’hiver en Afrique revient en Europe début mars afin de s’y reproduire. Peu de temps après, lorsqu’il aperçoit pour la première fois un poussin au nid, « c’est le déclic ». A partir de là, le chasseur de serpents, qui contrairement aux aigles royaux, busards ou faucons pèlerins, n’était pas étudié, deviendra sa quête. « Pour moi, c’était l’oiseau mystère ».
En 1995, après avoir obtenu la qualification de bagueur par le Muséum national d’histoire naturelle, une étude scientifique est entreprise avec le Parc national qu’il a rejoint 4 ans plus tôt. Jean-Pierre met en place un programme de baguage et de suivi du Circaète. Au cours des vingt ans qui suivront, avec une petite équipe, ils bagueront 500 poussins dans le Gard, en Lozère et en Aveyron. «Quand j’ai débuté, nous étions simplement équipés d’une paire de jumelles. Nous n’avions pas de voitures, c’était des randonnées gigantesques. Il faut faire des efforts pour obtenir quelque chose de la nature ! Le baguage était artisanal, effectué avec de simple bagues plastiques fabriquées à la maison. A l’heure actuelle, le suivi des espèces est effectué à l’aide de balises satellites, de pièges photos et de prélèvements ADN qui facilitent et accélèrent l’obtention de résultats ». Par la suite, des périmètres de quiétude ont été mis en place pour éviter le dérangement de l’espèce en période de reproduction. En parallèle, une technique permettant de déterminer l’âge des poussins au nid a été mise en point car la ponte est difficilement observable et le territoire compte plus de 200 couples de circaètes. Des mesures biométriques sont ainsi effectuées sur quelques poussins. Les yeux plongés dans sa longue-vue, Jean-Pierre est capable de vous dire l’âge d’un poussin à quelques jours près !
Un vieil ami
Le Circaète est une espèce longévive. Dans le Parc, un mâle a pu être suivi durant 27 ans. Bagué poussin par Jean-Pierre près de Saint-Bauzile, ce rapace arborant une bague bleue et une rouge a pu être observé à plusieurs reprises près du lieu de sa naissance, en cela on dit qu’il est philopatrique. Pendant toutes ces années, Jean-Pierre a étudié son comportement. « Ce mâle à produit un bon nombre de jeunes, il était plus performant que la moyenne. Il connaissait parfaitement son secteur et a bien choyé sa femelle. Durant deux ans, il a tenté de se reproduire avec deux femelles mais ça n’a pas fonctionné car il ne peut pas nourrir les deux au nid en même temps». Durant 30 ans, Jean-Pierre a acquis une connaissance fabuleuse de ce rapace, qu’il continue de suivre. S’il publie régulièrement des articles dans des revues naturalistes, cette connaissance fera l’objet d’une vaste synthèse et pourquoi pas d’un livre ?
« Gardien de la nature » est disponible à la boutique de la maison du tourisme et du Parc de Florac.
Cet article est extrait du dernier numéro du magazine du Parc de serres en valats. Son Grand angle s'intéresse au tourisme de demain et 4 pages spéciales sont consacrées aux animations estivales du Parc.
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