Ce printemps « confiné » n’avait pas permis de réaliser pleinement, comme les années précédentes, les observations de busards cendrés sur les sites de nidification.
La poursuite de l’expérimentation inédite du PNC avec la mise en place des formes en plâtre de busard grandeur nature* n’avait pas non plus pût être menée à bien et les agents du PNC qui travaillent sur ce sujet retenaient leur souffle : de nouveaux jeunes busards allaient-ils pouvoir prendre leur envol ?
La réponse fût accueillie avec bonheur et soulagement :
les busards étaient au rendez-vous sur le massif des vallées cévenoles !
Au total, 9 sites ont vu la présence d’un couple lors de la période des parades nuptiales et la couvaison s’est ensuite confirmée pour 6 couples. Parmi eux, 4 couples ont contribué à l’envol de 10 jeunes.
A chaque couple son histoire :
Le couple de Trabassac
Ce couple a fait son nid au milieu de ronces impénétrables pour les prédateurs terrestres. Deux jeunes busards ont pris leur envol à la fin du mois de juillet.
Suite à ce succès, M. Roume, l’éleveur qui exploite ces terres, est venu accompagné de toute sa petite famille et de proches, pour observer en toute discrétion ces jeunes busards. Les nombreuses interrogations ont montré le grand intérêt des enfants et des parents pour ce rapace.
Ce site aurait dû être détruit par un écobuage prévu l’hiver dernier. Un concours de circonstance qui a finalement permis la conservation de cet habitat et aura été bénéfique pour ce couple.
La sensibilité et la bienveillance de cet éleveur laisse espérer un bel avenir sur ce site de Trabassac pour les busards qui reviennent généralement nicher à proximité de leur lieu de naissance.
Le couple de la can de ferrières
Celui-ci s’est installé dans une culture ce qui constitue presque une première dans le massif des vallées cévenoles dominé par des landes naturelles !
Grâce à la sensibilité et à l’accord de l’éleveur, M. Meynadier, un filet de protection a été installé pour matérialiser le nid et éviter que la couvée soit détruite par la fauche ou par d’éventuels prédateurs terrestres (sanglier-renard…). Lors de la pose du filet, 2 Œufs et 3 oisillons étaient présents dans le nid.
Un de ces jeunes busards a malheureusement ensuite été observé percutant une ligne électrique présente à proximité du nid mais les observations continuent pour essayer de déterminer ce qu’il est advenu des autres jeunes busards.
Les couples de Soubrelargues
Ils se sont quant à eux installés chez un éleveur, M. Reverger, extrêmement sensible à la préservation des habitats de cette espèce. Il a été récompensé car deux couples ont niché sur ses terres !
M. Reverger a été associé aux observations et au suivi de l’évolution des jeunes.
Si un couple a échoué dans l’élevage des jeunes, à priori à cause de la prédation du renard, le deuxième couple a en revanche réussi l’émancipation de trois jeunes. Une belle récompense pour l’enthousiasme et l’engagement de cet éleveur !
Le couple du col de l’Oumenet
Grâce à des échanges avec le berger du groupement pastoral de la Loubière, nous avons convenu la mise en place d’un filet de protection autour du nid. En effet, ce couple avait tenté de nicher au même endroit l’année passée mais le passage répété du troupeau avait causé l’échec ou facilité l’accès aux prédateurs terrestres.
La mise en place de ce système a contribué pleinement à la réussite de la nichée avec l’envol de 4 jeunes !
Ce sont donc au total 10 jeunes busards qui ont réussi leur envol grâce à la sensibilité et à l’implication de ces agriculteurs, pour le plus grand bonheur de leurs parents et de tous les amoureux de la nature !
En savoir plus sur le Busard cendré
La situation des busards cendrés et Saint-Martin est très préoccupante en France, tant leurs populations régressent.
Ces rapaces diurnes affectionnent les espaces découverts à végétation basse, de type lande et fourrés denses qu'ils survolent à basse altitude afin d'y chercher des proies et d'y établir leur nid. Mais la raréfaction de ces espaces naturels, due notamment aux labours, aux écobuages et à la fermeture des milieux, les pousse à nicher dans les cultures et les prairies de fauche : la plupart des nichées y sont souvent détruites.
Dans le Parc national des Cévennes, on recensait 73 couples en 2000. En 2016, 8 couples avaient été recensés et seulement 2 couples avaient mené 5 jeunes à l’envol.
Article écrit par l'équipe du massif des vallées cévenoles - Parc national des Cévennes
Plus d’informations :
- La fiche du Busard cendré sur notre site Biodiv’ Cevennes
- * En savoir plus sur l’expérimentation inédite mise en place par le Parc des « trouées » et des formes en plâtre grandeur nature imitant une femelle en position de couvaison