La transhumance a été inscrite au patrimoine culturel immatériel de l’humanité par l’Unesco en décembre 2023 à la demande de 10 pays européens dont la France. Les Cévennes sont encore l’un des derniers endroits où des éleveurs et bergers guident leurs troupeaux vers les hautes terres herbacées à pied, perpétuant ainsi une pratique millénaire.
Chaque année, à la mi-juin, les sonnailles animent les drailles. L’heure de la transhumance a sonné. Avec leurs troupeaux, les bergers et/ou éleveurs, quittent les parcours asséchés des vallées pour rejoindre les estives verdoyantes des sommets du mont Lozère, du Bougès et du mont Aigoual où le climat est aussi plus frais. Ce sont environ 20 000 brebis en provenance du Gard (56%), de Lozère (30%) et de l’Hérault (14%) qui empruntent les sentiers pastoraux traditionnels, les drailles, pour rejoindre les estives qu’elles pâtureront jusqu’à la mi-septembre. C’est le cas de Carine Boissière, éleveuse à Colognac dans le Gard. Depuis 17 ans, avec son voisin, éleveur lui aussi, ils parcourent ensemble une centaine de kilomètres à pied avec un troupeau de 500 brebis pour rejoindre le Mas de la Barque. Des membres de la famille, chargés de l’intendance, ferment la marche en voiture. Et des bénévoles peuvent se joindre ponctuellement au cortège.
Un lien homme-nature fort
Avant le départ, les brebis sont marquées à la peinture sur le dos afin d’identifier le propriétaire et la veille du périple, des sonnailles sont attachées à leur cou. « Une soixantaine de brebis en portent. On les accroche de préférence sur les plus corpulentes car les cloches sont lourdes et sur les plus dociles. Lorsqu’on les harnache, elles savent que le lendemain matin c’est l’heure du départ. Et, croyez-moi, elles connaissent le chemin par cœur ! », raconte l’éleveuse. Dans certains troupeaux, des brebis peuvent aussi arborer des pompons colorés, donnant à la transhumance un côté festif, notamment lors de la traversée des villages et de l’arrivée sur les hautes terres.
Pour Carine, le trajet dure 5 jours et reste inchangé, comme les lieux de halte afin que les brebis « restent tranquilles ». Les horaires de marche peuvent être adaptés en fonction de la météo. « La transhumance, c’est un état de fatigue extrême mais c’est une expérience unique à vivre. On est dans la nature avec nos bêtes, plus rien d’autre n’existe, on se sent hors du temps ». Carine redescendra à Colognac juste après avoir conduit son troupeau à bon port pour faire les foins. Le troupeau sera confié à un berger et un aide berger.
Au total, sur l’ensemble du territoire du Parc, les 20 000 brebis sont réparties sur plus de 6700 ha d’estives et gardées par environ 25 bergers et aides bergers. Pour la seconde année consécutive, une brigade de bergers d’appui est reconduite afin de prêter main forte aux éleveurs pour la mise en place de moyens de protection en cas de prédation du loup.
Cet article est extrait du dernier numéro du magazine du Parc de serres en valats. Son Grand angle s'intéresse au tourisme de demain et 4 pages spéciales sont consacrées aux animations estivales du Parc.
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