Début juin, un habitant de Pourcharesses, en route sur sa tournée de transport scolaire a fait une découverte inquiétante à l’ouest du mont Lozère : un jeune Circaète Jean-le-Blanc gisait au sol et semblait en grande difficulté.
Il a immédiatement appelé David Hennebaut, Garde-moniteur du Parc et agent référent du secteur pour savoir ce qu'il devait faire.
Arrivé sur les lieux, David Hennebaut l'a immédiatement transporté chez Nico Coenders, vétérinaire à Florac, pour un premier bilan et des radios. Aucune trace de plombs, pas d’aile cassée, de nombreuses contusions… peu d'indices pour interpéter son état si ce n'est le lieu où il avait été retrouvé : proche d'un site de nidification d'un couple d'Aigle royal qui élève actuellement un jeune poussin. La piste privilégiée est donc celle d'une interaction violente car les aigles (mâles ou femelles) protègent vigoureusement leur aire de reproduction.
Passées les premières analyses, le Circaète a été transporté au Centre régional de sauvegarde de la faune sauvage caussenard de Millau où il a passé une quinzaine de jours en volière de rééducation pour être soigné et récupérer sa masse musculaire.
Vidéo publiée par le Centre régional de sauvegarde de la faune sauvage caussenard de Millau peu après son arrivée
Il s’agit d'un individu immature de deux ans. Des prélèvements ont été réalisés pour déterminer son sexe.
Une fois rétabli, il a été transporté le 16 juin près du lieu où il avait été trouvé blessé. Il a alors été libéré par Philippe Lucas, Garde-moniteur du Parc national des Cévennes.
Sur cette vidéo, on peut le voir au moment de sa libération, sonné par les 2h de route passées sous une forte chaleur.
Quelques minutes après cet enregistrement, il a passé son bec plusieurs fois sur son plumage et, profitant d’un léger coup de vent dans le dos, il a finalement pris correctement son envol. Un vol parfait de deux minutes environ avant de prendre de l’altitude et de se diriger vers Villefort.
Philippe Lucas témoigne : « c’était très émouvant de le voir prendre les courants ascendants thermiques avec une aisance remarquable et de filer vers son destin. Comme on peut le voir sur ces images tremblantes, il y avait pas mal de stress des deux côtés jusqu’à ce moment magique de l’envol. Nous espérons le revoir bientôt pour pouvoir vous donner des nouvelles ! »
Le Circaète Jean Leblanc
Ce rapace est reconnaissable à son plumage blanc sur le ventre et son œil jaune vif cerclé de noir.
Espèce migratrice, le Circaète est présent en France entre début mars et début octobre. Il se nourrit majoritairement de reptiles (notamment de couleuvres) et niche le plus souvent sur des pins mais aussi sur des chênes verts.
Son vol de chasse stationnaire, face au vent, dit en « Saint-Esprit » est typique de l’espèce. On estime à environ 200 le nombre de couples présents dans le Parc national des Cévennes.
Pour attirer la femelle, le mâle laisse parfois pendre hors de son bec la quasi-totalité d’une couleuvre qu’il vient de chasser.
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