Elle n’avait été entendue que deux fois. La première écoute avait eu lieu dans la soirée du 18 mars 2016, sur le massif de l’Aigoual.
C’est lors d’un parcours d’écoute pour entendre sa consœur, la Chouette de Tengmalm, qui a fait son apparition dans ce massif forestier en 1990, qu’un agent de l’ONF a localisé le chant flûté d’un mâle, « duup...duup… » de la Chevêchette d’Europe.
Trois jours plus tard, un garde-moniteur du Parc national entend à nouveau ce même chant au petit matin. Il s’agissait vraisemblablement du même individu.
Quatre ans après, elle réapparaît
Depuis quatre ans, des circuits sont régulièrement effectués dans le secteur afin de la « recontacter ».
Une tentative qui est restée vaine jusqu’au 9 septembre dernier. Ce jour là, à l’aube, une garde monitrice entend un chant qui semble correspondre :
« Je reste immobile au milieu de la piste quelques instants et là une silhouette de rapace nocturne miniature vient me survoler et disparaît rapidement dans un sapin. Elle traverse une deuxième fois la piste et se perche à proximité. On reste quelques secondes face à face, puis elle repart tranquillement en chantant », raconte Géraldine Costes.
La Chevêchette sera photographiée au même endroit le 27 octobre par Régis Descamps, garde moniteur du Parc. Reste maintenant à savoir si ce mâle chanteur est le seul individu présent dans cette forêt. Afin de le vérifier, de nouveaux parcours seront effectués en février/mars durant la période de reproduction.
Plus petit rapace nocturne d’Europe, la Chevêchette mesure entre 16 et 19 cm, pour une envergure de 35 cm et un poids compris entre 60 et 80g. Il s’agit donc de la neuvième espèce de rapace nocturne identifiée dans le Parc national.
Une espèce montagnarde
En France, cette espèce protégée affectionne plus particulièrement les forêts situées à plus de 1000 m d’altitude. On la retrouve dans les Vosges, le Jura, les Alpes, les Pyrénées et le nord du Massif central. Cette découverte dans le Parc national des Cévennes semble confirmer l’expansion de l’espèce vers le sud ouest de la France.
La Chevêchette d’Europe fréquente les forêts mêlant conifères et feuillus. Comme la chouette de Tengmalm, elle niche dans des cavités creusées par les pics. Elle y pond 5 à 7 œufs, entre début avril et début mai. Ils sont couvés pendant 28 à 30 jours. Les jeunes quittent ensuite le nid à l’âge de 28 à 32 jours.
Chasseuse à l’affût, La Chevêchette d’Europe se nourrit de micro mammifères tels que les mulots et les campagnols ainsi que de petits passereaux.
La conservation de futaies irrégulières, de forêts anciennes, d’arbres à loges et le report des coupes en période de nidification sont essentiels à la préservation de l'habitat des petits rapaces nocturnes.