Le Parc national des Cévennes compte plus de 1 000 zones tourbeuses, situées notamment sur le mont Lozère et le massif de l’Aigoual. A l'interface entre milieux aquatiques et milieux terrestres, les tourbières sont des milieux relictuels de l’époque glaciaire. Très fragiles, les tourbières constituent les réservoirs d’une biodiversité très spécialisée et rare.
Les travaux de restauration de la tourbière de la Plaine ont consisté à éliminer des arbres résineux allochtones, pins à crochets et épicéas, qui gagnaient et asséchaient ce petit paysage ouvert perdu au milieu du massif forestier. Lors d'une visite de terrain en décembre dernier, les établissements à la manœuvre de ce chantier, l’Office national des Forêts et le Parc national des Cévennes, se sont réjouis de la qualité du travail réalisé et se sont engagés à suivre de près l’évolution du milieu.
La tourbière est multi-séculaire et accumule, dans ses sols froids et saturés d'eau, la matière organique qui se dégrade peu dans ces conditions. Sa biodiversité spécifique bénéficiera de ce "coup de jeune". C’est le cas de la drosera à feuilles rondes, plante carnivore, qui trouve dans les insectes, qu’elle colle sur ses feuilles, le complément alimentaire indispensable à sa survie sur ce sol acide hostile. On espère aussi que la cordulie arctique, rare libellule inféodée aux tourbières, y retrouvera des conditions optimales de vie.
La restauration de la tourbière de la Plaine s’inscrit dans la continuité d’un vaste programme de restauration des milieux humides et des forêts naturelles des cours d’eau (ripisylves), et de mise en connexion de ceux-ci : une trame bleue au milieu du vert massif forestier.
Le rôle majeur des tourbières dans le stockage du carbone et la régulation du climat
Les tourbières ne couvrent que 3 % de la superficie terrestre mais stockent, à condition de rester humides, plus de carbone que toutes les forêts du monde. On estime que les tourbières contiennent au moins 550 Gt (gigatonnes ou milliards de tonnes) de carbone, ce qui est près du double de la quantité stockée dans les forêts de la planète.
Les tourbières non drainées, qui couvrent plus de 300 millions d'hectares au total, piègent de l'ordre de 100 mégatonnes de carbone chaque année. Ces tourbières vivantes jouent donc un rôle important dans la régulation du climat mondial en accumulant le carbone dans leur sol tourbeux.
Lorsque qu'une tourbière est drainée, la tourbe se décompose et libère de vastes quantités de dioxyde de carbone (CO²) dans l'atmophère. A l'échelle mondiale, 15 % des tourbières ont été drainées. Les 65 millions d'hectares de tourbières dégradées que cela représente couvrent moins de 0,4 % des terres émergées mais sont responsables de 5 % des émissions anthropiques de CO².
C'est pourquoi le maintien et la restauration des tourbières sont si importants pour l'atténuation des changements climatiques.
(Source : Ramsar - Les tourbières)