Nichée sur les terres ensoleillées du Collet de Dèze, la Ferme Simone incarne l'héritage familial et l'engagement pour une agriculture écologique.
Gérée par Maïa Rochette et son compagnon Anthony, cette ferme portant la marque "Esprit Parc national - Cévennes" est un exemple vibrant de permaculture résiliente.
Un Retour aux Sources
Maïa Rochette a des racines profondes dans cette région. Sa grand-mère paternelle, Simone, est née dans le moulin du village, à seulement quelques centaines de mètres de l'endroit où Maïa a choisi de venir s'installer.
Simone, qui a vécu jusqu'à 104 ans, a acheté dans cette maison dans les années 60 et Maïa y a passé de nombreuses vacances d'enfance.
Maïa est née à Aix en Provence. Après une licence de droit, elle se lance dans un master en marché de l’art. Son rêve à l’époque était de devenir Commissaire priseur. Après un stage chez Tajan, la célèbre maison de ventes aux enchères, elle décide de changer de voie.
« C’était sympa mais j’ai réalisé que ce n’était pas pour moi. Je voulais être à la campagne et devenir mon propre patron. J’ai pensé à me reconvertir pour être antiquaire ou institutrice mais je n’ai pas eu le concours. J’ai donc décidé de partir en voyage pour me trouver. Et c’est là que j’ai découvert et pris goût au camping à la ferme. »
"Parce que, là où sera ton cœur, là sera ton trésor"*
Après avoir voyagé à travers l'Europe et l'Asie pendant près de 2 ans, Maïa a confirmé sa passion pour la vie rurale en travaillant dans des fermes en Australie produisant des myrtilles, des avocats ou encore des kiwis.
Durant ces voyages, elle a pris conscience des défis de l'agriculture moderne, notamment en Indonésie, où elle a été confrontée aux effets néfastes des pesticides. Ces expériences ont renforcé son désir de revenir en France pour créer un projet agricole durable et respectueux de l'environnement.
* L'Alchimiste - Paulo Coelho
En 2021, Maïa revient donc dans la maison de sa grand mère et passe le Brevet Professionnel Responsable d'Entreprise Agricole (BPREA) à Florac, ce qui lui permet de concrétiser son rêve de venir s'installer sur les terres familiales.
"Cette formation était super motivante. On était 15 avec des projets différents mais une même énergie. Et puis c’était la 1ère fois que j’étais payée pour aller à l’école !"
Avec détermination, elle a défriché les terres, installé des systèmes d'irrigation et démarré une production de maraîchage et de safran. Elle cumule alors avec un travail de surveillante de nuit dans un collège pour disposer d'une rentrée d'argent régulière.
"La première année, on a commencé par vendre des plants et des bulbes de safran dès le premier printemps. Ca marchait bien car il y a pas mal de jardiniers dans la région. L’idée de semer puis de savoir que ces graines allaient pousser et produire des légumes autour de nous me plaisait bien."
Le Safran : Une Marque de Fabrique
Bien que le safran n'ait pas fait partie du projet initial, il est rapidement devenu l'un des produits phares de la ferme. La première récolte a été difficile, mais Maïa a persévéré et produit aujourd'hui des gelées, des sirops et des biscuits au safran.
"La culture du Crocus sativus est exigeante, mais c'est une fleur délicate, magnifique et intéressante qui ne pousse pas au même moment que la plupart des autres fleurs."
"Il faut environ 200 fleurs de safran pour faire un gramme de produit fini. Les précieux stigmates perdent 80% de leur poids au séchage."
Un projet diversifié et écologique
En plus du potager, Maïa et Anthony cultivent également des châtaignes et des fruits.
"On vend des plants de mai à juin, ensuite on fait du maraîchage et on vend nos légumes et des bulbes de safran. On transforme également la châtaigne, le safran et les fruits séchés. On fait un peu de transformation salée aussi mais cela reste limité.
On est très attentifs aux intrants et à ce que tout le processus soit respectueux de cet environnement préservé."
La ferme propose des visites hebdomadaires organisées par l'Office de Tourisme des Cévennes au Mont Lozère. L'occasion pour les visiteurs de découvrir le potager expérimental, la pépinière, et la micro-étable.
"Nous avons aussi quelques ruches mais nous avons été décimés par une attaque de frelon en octobre 2023. Cette année nous avons mis en place des pièges, ça a l’air d’aller mieux."
Viviane de Montaigne, livre quelques conseils pour optimiser le piégeage et limiter les impacts sur les autres insectes.
Anthony, qui a rejoint Maïa en 2023, apporte quant à lui son expertise en herboristerie et en artisanat. Il aspire à développer une gamme de tisanes avec des plantes locales et explore l'écoconstruction pour créer des logements insolites.
Un engagement pour l'avenir
Maïa et Anthony envisagent d'ouvrir un laboratoire de transformation aux normes, de planter davantage de fruitiers, et de proposer des glaces et sorbets maison.
L'idée est de réduire progressivement leur présence sur les marchés pour se concentrer sur la production en permaculture et proposer une véritable "expérience à la ferme" en continuant les visites et en développement le côté accueil avec, par exemple, des maisons de type "hobbit" (semi-enterrées).
La Ferme Simone, en tant que partenaire du Parc national des Cévennes, incarne l'engagement pour un avenir durable et respectueux de la nature.
"La marque Esprit Parc national fédère. Cela nous permet de communiquer avec d’autres professionnels qui ont les mêmes valeurs que nous. Il faut dire que c’est un réel avantage d’être dans un Parc national. C’est cela qui fait l’attractivité de la région et pouvoir développer une activité respectueuse de ce cadre préservé est une chance unique."
Vous pouvez découvrir les produits de Maïa et Anthony à Florac dans la boutique "Chez les paysans" (en face de la Genette verte) ainsi qu'au marché du Collet de Dèze tous les mardis. Des pistes sont explorées pour vendre également à Biojour, à Florac ainsi qu'au Soleil levant à Alès.