Nous vous avions invités à trouver cette construction mystérieuse.... Cette « photo mystère » présentée le 21 janvier dernier est en réalité une oothèque !
Vous avez été très nombreux à nous donner votre avis sur nos réseaux sociaux (cuillère à miel, outil pour filer la soie, nid de guêpes, cocon de chenilles... les pistes ont été nombreuses !) Bravo à tous ceux qui ont trouvé la réponse exacte !!!
L'oothèque, merveilleuse construction
Dans une bibliothèque on range des livres, dans l’oothèque on range… des œufs ! Il s’agit donc de la ponte d’un insecte. Elle est constituée d’une substance proche de la soie du cocon des papillons, qui durcit très rapidement au contact de l’air. Sur la photo en question on peut observer les 13 portes de sorties des jeunes larves. Mais avez-vous deviné qui est l’auteur de cette superbe ponte ?
Le Diablotin de Provence, un insecte fascinant
L’insecte mystère est aussi fascinant que son oothèque puisqu’il s’agit de l’Empuse pennée, également nommé Empuse commune, Empusa pennata et surnommé le diablotin de provence.
L’Empuse est assez ressemblante à une Mante religieuse. (de nombreux abonnés ont d’ailleurs donné cette réponse sur nos réseaux sociaux) : elle présente un corps allongé et deux pattes avant ravisseuses* qu’elle maintient repliées sous le menton. Cependant, elle s’en distingue facilement par le remarquable « bonnet pointu », qu’elle porte sur sa tête. De plus, ce sont les jeunes individus qui passent l'hiver contrairement aux autres mantes. Ils chassent et retrouvent ensuite de l’activité aux premiers rayons de soleil.
*Pattes ravisseuses : pattes en forme de crochet permettant d’attraper des proies
Le mâle est reconnaissable à ses magnifiques antennes plumeuses, semblables à celles de certains mâles de papillons de nuit. La larve, appelée Diablotin, est encore plus spectaculaire avec son abdomen recourbé jusqu’à toucher le dos.
Jean-Henri FABRE la décrit ainsi dans ses Souvenirs entomologiques : « Sa larve est bien la créature la plus étrange de la faune terrestre provençale, fluette, dandinante et d’aspect si fantastique que les doigts novices n’osent la saisir ».
Dans le Parc, on peut l’observer en hiver et au printemps surtout entre 250m et 1000m d’altitude. Les adultes ne seront visibles que plus tard : été et automne. Espèce méditerranéenne, il faut les rechercher dans des secteurs chauds, rocailleux et buissonnants. Il faudra un regard bien affuté pour détecter l’animal, immobile ou légèrement vacillant à la manière des phasmes, agrippé par ses 4 pattes arrières à une brindille.
Et bien qu’elle semble avoir inspiré des auteurs de science-fiction, l’Empuse est pacifique et placide : elle se contente d’une à deux mouches pour sa ration quotidienne ; un bel exemple de sobriété ! Et, contrairement à la mante religieuse, la femelle ne dévore pas le mâle après l’accouplement.
En vous souhaitant d’avoir la chance de la rencontrer parmi les broussailles car c’est toujours un moment délicieux qui nous rappelle la beauté de la nature, parfois si extravagante !
Géraldine Costes,
Garde monitrice sur le massif de l'Aigoual